Gruyères: pionner [extrait de "htr hotelrevue, n°45, 6 novembre 2008"]





Compte-rendu de la conférence de presse "Moléson, la Gruyère, le Léman: une exemplarité pour la recherche en tourisme" le 30 octobre 2008 à Moléson-sur-Gruyères (Suisse)

Le touriste qui visite un coin de pays n’a que faire du découpage administratif des régions qu’il traverse. Celui-ci est trop souvent cause de soucis, notamment en matière de recherche de l’information touristique… L’association «Léman sans frontière» est, à ce titre, un bel exemple de coopération transrégionale et transfrontalière.»

Tirée du «Réseau de veille en tourisme», un site québécois d’information sur les tendances touristiques, cette citation est éloquente: l’association, née en 1995 lors d’une première collaboration entre Moléson et le Bouveret est exemplaire. «Et, malheureusement, encore trop rare», estime Jérôme Piriou, doctorant en géographie, sur un sujet de thèse autour de la notion de région touristique. «Il convient», poursuit-il, de mieux faire rejoindre la sphère des touristes et celle des professionnels partenaires du tourisme.» Outre «Léman sans frontière», la coopération Gruyères-Moléson est en ce sens un «remarquable bipôle». Cela d’autant plus que, par l’association transfrontalière qui regroupe aujourd’hui 39 sites, cette coopération s’ouvre sur les Alpes du nord-ouest.

Ses enquêtes sur le terrain - Jérôme Piriou a effectué deux stages dans la région en 2006 et en 2007 - le démontrent: entre une excursion à Crans-Montana, à 150 kilomètres et la Chocolaterie de Broc, à 8 kilomètres, sans compter les destinations de la rive française du Léman, Moléson-Gruyère constitue une véritable porte d’entrée internationale.

Voilà qui est flatteur dans la bouche d’un chercheur. «Voilà surtout de quoi faire réfléchir les autres régions», précise Jérôme Piriou, même s’il est bien conscient que ce sont, un peu, les hasards de l’histoire qui ont favorisé le rapprochement entre la cité comtale de Gruyères et la station née de l’esprit d’entreprise de la fa-mille Micheloud dans les années soixante.Car c’est bien là, la clé du succès de ce «bipôle»: il est le fruit de l’intérêt commun de décideurs politiques souhaitant développer l’attrait de leur village, et de décideurs économiques pouvant associer leur nouvelle station à un site existant. Ce modèle est-il transposable? «Oui», estime le chercheur qui cite un autre exemple régional, celui de «Préalpes sans frontière», qui peut parfaitement conjuguer les intérêts de la Riviera vaudoise et de son arrière-pays, la Gruyère, cela même si les tailles paraissent disproportionnées.

A l’heure de la mondialisation, qui a surtout transcendé les déplacements et les communications, il convient de penser «global» et de «penser en faveur d’une régionalisation des intérêts», conclut le chercheur. Et les modèles de Gruyères-Moléson, de «Léman sans frontière» et de «Préalpes sans frontière» sont parfaitement transposables.



Source: ETHENOZ J.-J., "Gruyères: pionnier", htr hotelrevue, n°45, 6 novembre 2008, http://www.htr.ch/artikel_11378.html