Les balisages spatiaux d'une région touristique. Analyse d'un mécanisme de lieux par les acteurs du tourisme. Quelques exemples autour du lac Léman.

Résumé de la communication lors des Journées de la Commission de Géographie du tourisme et des loisirs du Comité National Français de Géographie "Tourisme-théorie-géographie" les 15-17 juin 2009 à l'Institut Kurt Bosch à Sion (Suisse)

De la définition des lieux élémentaires du tourisme (Equipe MIT : 2002, Dewailly et Flament : 1993) à l’analyse systémique des espaces (Cazes : 1992, Clary : 1993, Lazzarotti : 1995), l’échelle locale permet de prendre en compte la genèse du tourisme, certes, mais peut sembler incomplète pour expliquer les réalités actuelles des mobilités engagées dans les pratiques touristiques. D’autres auteurs ont essayé de définir des régions touristiques (Miossec : 1974, Lozato-Giotart : 1994, Knafou : 1993). Cependant si l’on considère le tourisme comme « un système d’espaces, d’acteurs et de pratiques qui participent à la « recréation » des individus par le déplacement et l’habiter temporaire hors des lieux du quotidien » (Knafou et Stock : 2003) ces modèles n’expliquent ni les mobilités, ni les intentions dans la combinaison des lieux. Nous savons que que les touristes construisent un projet en fonction d’une intention dépendante, de sa disponibilité physique et psychique, et il est amené à élaborer une stratégie pour mener à bien ce projet, notamment le choix des moyens en fonction des coûts et des ses capacités (Violier : 2007 : 161). Le touriste est pourvu de potentiel de réflexivité, de capacité d’agir (Lussault : 2003), cependant si le touriste agit, il n’agit pas seul. Nous pouvons donc nous interroger sur les procédés de construction et les modes de fonctionnements d’une dimension régionale du tourisme.

Dans un premier temps, nous nous sommes attachés à approfondir le concept de « région ». Selon nous, la région traduirait chez l’individu la représentation et l’identification d’un espace comme étant son champ d’action spatio-temporel (quotidien ou temporaire) selon un mobile (projet de recréatif, gouvernance politique, etc…). Elle serait localisée selon un balisage. Celui-ci distingue le lieu-phare (généré soit par un lieu ou un district) diffusant une valeur proximale aux lieux-balises (satellisés soit en micro-réseau ou macro-réseau). Cette valeur proximale est fondée par un dénominateur central, le code, définissant ainsi la région. Puis, nous avons présenté les stratégies qu’entreprendraient les acteurs du tourisme. Pour illustration, nous nous appuierons de nos enquêtes menées de part et d’autre du lac Léman. Nous avons constaté des stratégies territoriales réticulaires à visée localisante et identificatrice illustrant des champs d’action spatio-temporels. Enfin nous constaterons que ces processus véhiculeraient des codes idéels et fonctionnels dans un souci de justification de mobiles.