L'espace récréatif des touristes: lieu d'immobilité, région de mobilité

Résumé de communication du séminaire UMR Espaces et Sociétés "Représentations des espaces, pratiques des lieux, territorialités: mobilités, immobilités et rapports à l'espace" au Mans le 27 avril 2009

A la différence, d’une partie des loisirs s’inscrivant dans l’espace du quotidien, la mobilité touristique se justifie par ses "biens-faits réparateurs" qui ne seront que plus efficace en un autre lieu que celui du quotidien (Equipe MIT : 2002). Elle se traduit concrètement par un déplacement initial du lieu du quotidien vers une destination de séjour (mobilité princeps). Cette dernière incitera à une sorte de "sédentarisation du touriste" si la qualité du lieu se suffit à lui seul (hébergement, activités touristiques, etc…). Cependant, la recherche de l’altérité, entretenue par la médiatisation des lieux du monde entier, l’accès à des moyens de transports, plus sûr, plus rapide, permettent de concrétiser un désir d'évasion y compris pendant le séjour se reflètant par la pratique d'une dimension régionale (mobilités péregrinatrices). Nous pouvons nous demander dans quelle mesure l'espace recréatif des touristes peut-il être un lieu d'immobilité ou une région de mobilité ‘


Avec l'appui d'une série d'études et d'enquêtes de terrain en Bretagne, sur la vallée de la Loire et dans les Alpes, nous avons vu que les touristes, premiers fondateurs de lieux du tourisme dès la fin du XVIIIe siècle, ont permis le développement de lieux de villégiature, par exemple Saint-Malo (Clairay : 1997), Chamonix (Debarbieux : 1999) ou encore Montreux (Lévy, Matos, Raffestin : 1998). Ces lieux ont pour principale similitude une fonction d'hébergement importante permettant une (quasi)immobilité pendant l'intégralité d'un séjour (mobilités limitées à l'infra-lieu). Ils se différencient avec d'autres lieux que sont les sites ou villages touristifiés, dont la fonction n'est pas l'hébergement mais l'excursion tant pour les populations locales que pour les touristes. Nous pouvons faire référence à la cité Gruyères proche de Montreux (Tissot: 2001), ou encore le château de Chambord dans la très grande périphérie parisienne (Bertho-Lavenir: 2007). Aussi, ces derniers lieux ne possédant que d'une très faible voire d'aucune capacité d'hébergement imposent aux touristes de recourir à une mobilité pérégrinatrice, afin de profiter d'autres pratiques touristiques (repos, découverte, jeu, shopping), en un espace approprié (du lieu à la région). Enfin, nous avons vu que les autres acteurs du système touristique opèrent par stratégie territoriale, avec pour finalité une influence de "l'orientation mobilitaire" des touristes, soit en privilégiant le lieu (mobilité princeps puis immobilité), soit en suggérant des "régions touristiques" (mobilité princeps et mobilités pérégrinatrices), souvent au détriment du projet du touriste élaboré selon des critères subjectifs (temps, budget, transport, expériences …).